L'affaire des polémiques autour du lancement de Cyberpunk 2077 est clairement le feuilleton majeur surprise de cette fin d'année. Et les nouveaux épisodes de ce feuilleton sont diffusés à un rythme soutenu. Aujourd'hui, il est question de la suite des retombées du message de CD Projekt RED invitant les joueurs mécontents à demander un remboursement.
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Dans son message "d'excuses," CD Projekt RED invitait les acheteurs des versions PS4 et Xbox One mécontents à demander un remboursement. Logiquement, la méthode conseillée dans ce message aux possesseurs d'une version boîte ou dématérialisée n'était pas la même. Aux acheteurs d'une version boîte du jeu, le studio polonais demandait d'obtenir un remboursement auprès du revendeur à qui ils avaient acheté leur exemplaire.
Le hic, c'est que ces revendeurs ont de fortes chances de refuser de rembourser un jeu ouvert et qui "fonctionne." Le site américain Vice a reçu (de la part de trois sources différentes) une note interne diffusée par GameStop à ses employés concernant sa politique vis-à-vis de Cyberpunk 2077.
Dans cette dernière, le plus gros revendeur de jeux vidéo au monde, auquel appartient le français Micromania, indique qu'il refuse de rembourser les exemplaires du RPG achetés par ses clients et indique à ses vendeurs d'informer ces derniers de la sortie prochaine de patchs destinés à corriger les problèmes qu'ils rencontrent in-game. Si un client veut tout de même un remboursement après avoir pris connaissance de cette information, alors GameStop renvoie la balle à CD Projekt RED :
Si les clients sont toujours mécontents et souhaitent retourner leur produit, ils doivent alors être invités à envoyer un e-mail à [email protected] afin d'obtenir la marche à suivre pour obtenir un remboursement directement de la part de CDP.
Cette situation semble donc rappeler que CD Projekt RED a fait son annonce concernant le remboursement des versions PS4 et Xbox One du jeu sans concerter ses partenaires aussi bien du côté des revendeurs que du côté des gestionnaires de plates-formes.
Pour rappel, le studio a indiqué qu'aucune condition de remboursement particulière n'avait été négociée avec Sony et Microsoft avant la publication de son message. Sony a par ailleurs déjà refusé de rembourser des acheteurs de Cyberpunk 2077 sur le PSN, ces demandes ne respectant pas ses conditions habituelles de remboursement (pour obtenir un remboursement sur le PSN, il ne faut pas avoir lancé le jeu en question).
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Face à ses refus essuyés aussi bien dans les boutiques réelles que virtuelles, la dernière solution des joueurs qui souhaitent obtenir un remboursement se trouve donc dans l'adresse e-mail ouverte par CD Projekt RED et évoquée ci-dessous. Mais que se passe-t-il lorsqu'un joueur envoie un message à cette dernière ? À l'heure actuelle, il reçoit le message automatique suivant :
Cher joueur,
Ceci est la confirmation que nous avons reçu votre demande d'aide concernant le remboursement d'un exemplaire console de Cyberpunk 2077. Cet e-mail ayant été envoyé automatiquement, nous vous prions de ne pas y répondre. Nous reviendrons vers vous dès que possible, et pas plus tard qu'à la fin de l'année, avec des informations concernant les prochaines étapes.
Si vous possédez un exemplaire numérique du jeu sur Xbox, merci de consulter cet article du service après-vente Xbox pour obtenir des détails concernant la manière d'obtenir un remboursement. Si vous possédez un exemplaire numérique du jeu sur PlayStation, merci d'attendre que nous revenions vers vous. Il est intéressant de voir qu'en ce qui concerne les exemplaires PlayStation dématérialisés, CD Projekt RED invite les joueurs à attendre un retour de sa part alors qu'il conseille toujours les joueurs Xbox à se rendre sur le site du service après-vente de Microsoft.
Même s'il est impossible de l'affirmer catégoriquement, il apparaît que CD Projekt RED joue la montre. En faisant tourner en bourrique les joueurs insatisfaits, le studio se dit peut-être que la colère des joueurs va retomber avec le temps et que l'arrivée des premiers patchs majeurs dissuaderont certains joueurs de demander un remboursement. À l'heure où sont écrites ces lignes, la plupart des joueurs concernés ne savent pas quand ou si ils pourront être remboursés.
Le contrat de méfiance
Les agissements de CD Projekt RED soulignent en tout cas à nouveau la stratégie à l'éthique douteuse employée par le studio. En invitant les joueurs mécontents à se retourner, en fonction des cas, vers les revendeurs, Sony et Microsoft alors qu'il savait pertinemment que ces derniers refuseraient certainement de rembourser les acheteurs de Cyberpunk 2077, et sans les consulter au préalable, le studio/éditeur cherche à éloigner le problème de lui (au moins temporairement) met ses partenaires dans une situation embarrassante.
La situation pourrait de plus connaître des rebondissements supplémentaires inattendus très prochainement. En effet, Jeff Grubb de VentureBeat affirme que CyberPunk 2077 a pu sortir sur PS4 et Xbox One sans avoir obtenu de certification finale de la part de Sony et Microsoft. Le journaliste explique que cela arrive fréquemment, et que les constructeurs autorisent cette situation quand le développeur du jeu garantit que des mises à jours corrigeant les problèmes qui empêcheraient normalement cette certification seront diffusée avant la sortie du jeu. Ce qui n'a pas été le cas pour CyberPunk 2077.
L'ambitieux RPG est en effet sorti avec de nombreux problèmes dont un pouvant provoquer des crises épilepsie chez les personnes souffrant de cette maladie. Le tout, sans avertissement affiché à l'écran (cela a été corrigé depuis). En cas de crise grave provoquée par le jeu, Sony et Microsoft pourraient donc être pointés du doigt à cause de la confiance qu'ils ont accordé à CD Projekt RED.
La manière que la société polonaise a eu de gérer la sortie de CyberPunk 2077 continue donc d'être un cas d'école des choses à ne pas faire et elle risque très certainement de laisser des traces. En toute logique, CD Projekt RED devra faire face à une méfiance accrue de la part des joueurs mais aussi de ses partenaires au sein de l'industrie.